Défilé Laurier Ouest : un portrait vivant de la mode montréalaise au 150ᵉ d’Outremont

Scène du défilé Laurier Ouest lors du 150ᵉ anniversaire d’Outremont, avec une animatrice vêtue d’une robe colorée devant l’enseigne lumineuse Laurier Ouest.

Samedi soir, l’avenue Laurier Ouest s’est transformée en podium à ciel ouvert pour célébrer le 150ᵉ anniversaire d’Outremont. Ce grand défilé Laurier Ouest a réuni créateurs locaux, personnalités publiques et passionnés de mode à Montréal, offrant un aperçu riche de la créativité d’ici. La rue piétonne, les terrasses animées et le public rassemblé donnaient déjà à la soirée une atmosphère conviviale, à mi-chemin entre fête de quartier et rendez-vous mode.

Avant le défilé, j’ai eu l’opportunité d’assister au cocktail VIP tenu à la Maison Rose, nouvel espace ouvert par la Fondation cancer du sein du Québec. Le lieu, chaleureux et porteur de sens, accueillait créateurs, partenaires et invités dans un esprit de rencontre. Cela donnait le ton : ici, la mode n’était pas qu’un spectacle esthétique, mais aussi un moyen de rassembler et de faire communauté.

Modèle défilant sur Laurier Ouest lors du 150ᵉ d’Outremont, vêtue d’un ensemble noir structuré avec une cape rouge, illustrant l’élégance et la modernité de la mode montréalaise.

Défile ton Montréal

Le défilé s'inscrit aussi dans la programmation de Défile ton Montréal, une initiative du Festival M.A.D.. Ce volet vise à faire rayonner la mode en dehors du centre-ville, en proposant des défilés dans différents quartiers emblématiques. La présence de Laurier Ouest dans cette série venait ainsi relier l’événement à une dynamique montréalaise plus large, où chaque quartier apporte sa propre lecture de la mode d’ici.

Silhouettes et matières : entre confort et élégance

Le défilé a offert un panorama riche de la mode montréalaise, mais parfois un peu sage, pensé pour une clientèle fidèle à Laurier Ouest : élégante, installée, attachée à des pièces portables plus qu’à une révolution stylistique. On sentait d’ailleurs une différence nette avec des événements plus avant-gardistes comme le MAD Festival, où l’expérimentation prend le dessus. Ici, le ton était plus feutré, mais révélateur d’une autre facette de la mode d’ici : celle du quotidien habillé.

Modèles défilant sur Laurier Ouest lors du 150ᵉ d’Outremont : un manteau rouge structuré, une robe noire à sequins dos nu et une doudoune blanche, illustrant la diversité des styles présentés par la mode montréalaise.

Chez Manik Fashion, les silhouettes fluides accompagnaient le corps avec naturel, donnant une impression de légèreté. Sarah Pacini, de son côté, proposait un jeu de textures et de superpositions intéressant, mais qui aurait pu gagner en audace. Du côté masculin, les propositions se distinguaient par une coupe soignée et actuelle, avec des vestes bien construites et des ensembles pensés pour conjuguer confort et allure contemporaine.

Isabelle Élie a confirmé son savoir-faire avec des coupes précises et des finitions impeccables. Chaque vêtement, pris individuellement, révélait une maîtrise indéniable. Le stylisme, en revanche, m’a semblé parfois trop chargé, comme si l’accumulation de détails venait alourdir la lecture des pièces. Cela n'enlève rien à la qualité de la confection, mais donne envie de voir ces créations respirer davantage. Chez Top Notch, l’apparition du moka mousse, couleur Pantone de l’année, s’est révélée comme un beau clin d’œil, parfaitement en accord avec les palettes chaleureuses de l’automne.

À l’opposé, Uchuu a assumé un langage du confort, avec des tricots amples et des silhouettes ludiques qui redonnaient au cocooning une place sur le podium. 5e Avenue et Valérie Simon ont poursuivi dans cet esprit avec une élégance quotidienne : des pièces sobres, faciles à porter et à réinventer dans la vie de tous les jours.

Puis le ton s’est déplacé vers un glamour plus classique. Claudette Floyd évoquait une féminité des années 2000 revisitée avec sobriété : ajustée, raffinée, mais sans l’excentricité qu’on associe parfois à cette époque. Ariane Carle, fidèle à son ADN, proposait une élégance intemporelle modernisée par de subtils détails de sensualité, comme une fente ou une ligne plus osée. Enfin, Mélanie Zoé et Maska ont clôturé la soirée avec des propositions contemporaines : un minimalisme chic d’un côté, un trench coat revisité.

Les échos de la saison

Au fil des passages, certaines directions se sont affirmées. Sur le podium, le trench coat s’est fait remarquer, revisité avec justesse tout en gardant son allure intemporelle. Sa présence résonne aussi avec les tendances automne 2025, où il figure déjà parmi les pièces clés de la saison.

Modèle en tenue blanche élégante lors du défilé Laurier Ouest pour le 150ᵉ d’Outremont, sur une scène extérieure illuminée, représentant la mode montréalaise contemporaine.

confort stylisé

Le confort stylisé, incarné par les tricots amples ou les coupes polyvalentes, confirmait qu’une garde-robe contemporaine cherche à conjuguer praticité et élégance. La féminité inspirée des années 2000, relue par Claudette Floyd, revenait dans une version mesurée et élégante, loin des excès streetwear associés à cette décennie. Enfin, le minimalisme chic, porté par Mélanie Zoé, rappelait qu’une mode épurée et précise reste une valeur sûre.

Ces tendances dessinaient bien le portrait de la mode montréalaise telle qu’elle s’exprime à Outremont : une mode ancrée dans l’élégance accessible, le confort raffiné et une certaine idée du quotidien habillé, plus feutrée que spectaculaire.


Ambiance et personnalités publiques

L’ambiance du défilé ne tenait pas seulement aux créations, mais aussi à celles et ceux qui ont foulé le podium. Plusieurs figures publiques québécoises se sont prêtées à l’exercice : Michaëlle Jean, Catherine Pogonat, Emi Chicoine, Lollita Dandoy, Naadei Lyonnais, Angelo Cadet, ou encore Miss Univers Canada 2024. Leur présence apportait une proximité différente de celle des mannequins professionnels et donnait à la soirée un ton convivial, presque complice.

Michaëlle Jean défilant sur Laurier Ouest lors du 150ᵉ d’Outremont, vêtue d’une robe noire élégante et portant une veste colorée sur l’épaule, incarnant l’esprit festif et inclusif de la mode montréalaise.

Beauté et détails : la précision en coulisses

Ce qui m’a marquée, c’est la justesse du travail beauté. Les maquillages étaient nets, lumineux, et donnaient de la fraîcheur aux visages sans jamais voler la vedette aux vêtements. Les coiffures, elles, apportaient une touche de style bien dosée, parfois plus classiques, parfois un peu plus audacieuses, mais toujours cohérentes avec l’esprit des silhouettes.

Modèle défilant sur Laurier Ouest lors du 150ᵉ d’Outremont, vêtue d’un ensemble noir minimaliste avec ceinture large et sac assorti, illustrant l’esthétique contemporaine de la mode montréalaise.

Rien de laissé au hasard.

On sentait une vraie attention au détail : rien d’excessif, rien de laissé au hasard. C’est cette précision discrète qui donnait au défilé une unité, en liant les créations entre elles avec subtilité.

une mode conviviale, plus que spectaculaire

Participer à la fois au cocktail de la Maison Rose et au défilé m’a donné une vision claire de ce que représente la mode montréalaise à Outremont : une scène riche, ancrée dans son quartier, fière de ses créateurs. Ce qui en ressort, ce n’est pas une explosion d’avant-garde – pour cela, le MAD Festival garde son territoire – mais une volonté de célébrer l’élégance accessible, la convivialité et une identité locale bien ancrée.

En somme, le défilé Laurier Ouest 2025 ne cherchait pas à révolutionner la mode, mais à la rassembler. Et c’est peut-être là que résidait sa véritable force : refléter un Montréal d’Outremont élégant, chaleureux et inclusif, tout en restant en phase avec les tendances mode 2025.

Équipe d’organisation et invités réunis sur scène lors du défilé Laurier Ouest pour le 150ᵉ d’Outremont, remerciant le public et tenant un bouquet de fleurs, devant l’enseigne lumineuse Laurier Ouest.

Crédit photo : Philippe Manh Nguyen

Rosemary Gosselin

Rosemary Gosselin est styliste éditoriale spécialisée en production créative et costume. Elle crée des univers visuels uniques, durables et authentiques, où chaque détail raconte une histoire.

https://www.rosemarygosselin.com
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